Neue Rheinischezeitung - A Beyrouth, Léon XIV plante l'olivier de la paix

Köln -
A Beyrouth, Léon XIV plante l'olivier de la paix
A Beyrouth, Léon XIV plante l'olivier de la paix / Photo: © AFP

A Beyrouth, Léon XIV plante l'olivier de la paix

Entouré des chefs religieux libanais, Léon XIV a planté lundi un jeune olivier, symbole de paix, sous une immense tente dressée dans le centre de Beyrouth, après une cérémonie pendant laquelle il a appelé les dignitaires des différentes communautés à oeuvrer pour l'unité du Liban.

Taille du texte:

Solennellement, dignitaires maronite, orthodoxe ou protestant pour les chrétiens, sunnite, chiite ou druze pour les musulmans, se succèdent à la tribune pour assurer leur engagement à vivre ensemble.

Au total, des représentants de 16 des 18 communautés chrétiennes et musulmanes du pays participent à la rencontre. Les deux dernières sont les juifs et les ismaéliens, dont la présence s'est raréfiée.

Le pape est assis sur l'estrade blanche circulaire marquée des mots "paix" en arabe et en français, alors que l'appel à la prière résonne d'une mosquée toute proche, qui côtoie une église.

La "tente de la paix" est érigée sur la place des Martyrs, dans le centre de Beyrouth, qui séparait pendant la guerre civile (1975-1990) les combattants chrétiens des groupes à majorité musulmane.

"Vous êtes appelés à être des artisans de paix: à affronter l'intolérance, à surmonter la violence et à bannir l'exclusion", lance le souverain pontife aux chefs religieux du pays profondément divisé.

Cette rencontre "met en évidence le fait que le Liban a une grande expérience dans le dialogue interreligieux", explique à l'AFP Nayla Tabbara, présidente d'Adyan, une ONG qui oeuvre depuis 2006 pour le rapprochement entre les communautés.

"Même aux heures les plus sombres, ce dialogue se poursuit", ajoute-t-elle, expliquant que le pape a souhaité montrer ainsi le caractère unique du Liban dans la région et "nous rappeler ce que nous pouvons donner au monde".

- "Un rêve lointain" -

Le pays est une véritable mosaïque confessionnelle et les principales communautés s'y partagent le pouvoir, non sans tensions.

Le président de la république est le seul chef d'Etat arabe chrétien, le Premier ministre est un musulman sunnite et le président du Parlement un musulman chiite.

Les clivages politiques et communautaires sont exacerbés à chaque crise que traverse le pays et ont été accentués par la guerre avec Israël qui a pris fin il y a un an.

Le Hezbollah chiite avait ouvert un front avec Israël en octobre 2023 pour soutenir le Hamas palestinien, provoquant l'opposition d'une grande partie des autres communautés, dont les chrétiens.

Parmi les participants à la rencontre, Fouad Khreiss, un dignitaire chiite, estime que "la visite du pape souligne l'importance du dialogue et du vivre ensemble au Liban".

"Le Liban est plus fort avec l'unité de ses fils et de ses communautés (...) Nous devons être unis et dialoguer, surtout dans la situation difficile que traverse le pays", a-t-il déclaré à l'AFP.

"A une époque où la coexistence peut sembler être un rêve lointain, le peuple libanais, bien qu'il embrasse différentes religions, nous rappelle avec force que la peur, la méfiance et les préjugés n'ont pas le dernier mot, et que l'unité, la réconciliation et la paix sont possibles", a lancé le pape dans son discours.

A la fin de la cérémonie, Léon XIV plante un olivier, "vénéré dans les textes sacrés du christianisme, du judaïsme et de l'islam, où il est considéré comme un symbole intemporel de réconciliation et de paix", comme il l'a souligné.

F.Herrmann--NRZ