Au procès P. Diddy, la défense à l'assaut de son ex-compagne Cassie
"Vous étiez incroyablement jalouse", "vous preniez beaucoup de drogues" : la défense de P. Diddy a lancé l'assaut jeudi contre son ancienne compagne, la chanteuse Cassie, après son témoignage accablant au procès pour trafic sexuel du magnat du hip-hop à New York.
Durant les deux premiers jours où elle était à la barre, la chanteuse américaine de R&B avait raconté une vie sous l'emprise, pendant plus de dix ans, du rappeur et producteur. Bouleversée, elle a longuement détaillé les "freak-offs" au centre des accusations, des marathons sexuels où elle devait livrer son corps, sous l'emprise de drogues, à d'autres hommes rémunérés, pour satisfaire les désirs de Diddy, qui la filmait.
Devant les jurés et l'accusé, la défense a tenté de dépeindre une autre relation, amoureuse et toxique, où les tromperies, les crises de jalousie et les accès de violence étaient omniprésents des deux côtés.
"Vous étiez incroyablement jalouse, c'est ce que vous avez dit", lui a lancé Anna Estevao, l'une des avocates de Sean Combs, son vrai nom, au début de son contre-interrogatoire.
"Vous et Sean Combs avez été amoureux pendant onze ans, (...) vous l'aimiez, (...) vous preniez soin de lui", a-t-elle insisté.
- Enceinte -
Quant aux "freak-offs", la défense cherche à démontrer que Casandra Ventura, le vrai nom de Cassie, y a participé de son plein gré, jusqu'à en planifier les détails. L'avocate cite plusieurs courriels et SMS remontant au début des années 2010 en ce sens, plongeant dans les détails les plus intimes de leur relation. Des messages à la tonalité torride sont lus par l'avocate et par Cassie, qui ne les conteste pas.
L'avocate de P. Diddy soutient également que les "freak-offs" étaient pour Cassie l'occasion de prendre des drogues, comme de la kétamine ou du GHB, alors qu'elle était dépendante.
Cassie avait elle expliqué que les drogues lui permettaient "d'être insensible" pendant les relations sexuelles avec d'autres hommes: "c'est pour ça que j'en consommais tant, (...) c'était une sorte de fuite".
La chanteuse de 38 ans en est à son troisième jour de témoignage alors qu'elle est enceinte de huit mois et demi de son troisième enfant avec son mari, le coach sportif et acteur Alex Fine. Elle devrait revenir vendredi mais le juge Arun Subramanian a demandé à la défense de ne pas poursuivre son interrogatoire au-delà pour la ménager.
Mercredi, elle avait terminé son audition en déclarant qu'elle avait entamé une cure de désintoxication et une thérapie en 2023 car "elle avait perdu l'envie de vivre". Et elle avait longuement expliqué qu'elle se prêtait aux "freak-offs" pour ne pas mettre en colère le rappeur qui la battait régulièrement selon elle.
- "Carrière ruinée" -
Les jurés ont notamment pu visionner une vidéo datée de 2016, extraite des caméras de vidéo surveillance d'un hôtel de Los Angeles, où l'on voit P. Diddy se déchaîner contre Cassie dans un couloir, l'attrapant par la nuque, la projetant au sol et lui assénant un lourd coup de pied.
La chanteuse avait déposé à l'automne 2023 une retentissante plainte au civil, notamment pour viol en 2018, après leur séparation, contre l'icône du hip-hop de la côte est des Etats-Unis. Ces poursuites avaient été réglées à l'amiable dès le lendemain, et Cassie a révélé avoir touché 20 millions de dollars.
"Vous comprenez que sa carrière a été ruinée" par cette plainte, lui a lancé l'avocate.
Cette action en justice avait été le point de départ d’une série d’accusations visant le rappeur.
Diddy, aussi appelé P. Diddy, ou Puff Daddy, est une figure incontournable du hip-hop depuis trois décennies. Il a fait fortune dans la musique, la mode et l'industrie de l'alcool, jusqu'à détenir un patrimoine évalué par Forbes à plus de 700 millions de dollars. Assumant son côté bling-bling, il était connu pour organiser des fêtes somptueuses qui attiraient le gratin du show-biz.
Détenu depuis huit mois, il est désormais visé par plusieurs dizaines de plaintes au civil pour violences sexuelles, émanant de femmes et d'hommes.
P. Diddy est jugé devant le tribunal fédéral pour trafic à des fins d'exploitation sexuelle, transport de personnes à des fins de prostitution, ainsi que des actes d'enlèvement, corruption et de violences regroupés sous l'inculpation d'entreprise criminelle. Il risque la prison à vie.
C.Schneider--NRZ