Problèmes de qualité: Airbus se résigne à réduire son objectif de livraisons
Airbus s'est résigné mercredi à réviser en baisse son objectif de livraisons d'avions pour 2025, conséquence d'un problème de qualité sur des panneaux de fuselage de son appareil vedette, l'A320.
Le géant industriel européen, qui avait jusqu'alors promis au marché de livrer 820 appareils de tous les types cette année, estime désormais qu'il ne pourra en remettre que 790 à ses clients.
L'entreprise a justifié cette décision, que certains analystes financiers avaient déjà jugée probable, par "un récent problème de qualité chez un fournisseur concernant les panneaux de fuselage, affectant les livraisons de la famille A320", le monocouloir à succès de la gamme Airbus, cœur des flottes de nombreuses compagnies.
Airbus, qui a assuré que ses prévisions financières pour 2025 n'étaient pas modifiées, n'a pas précisé si ces problèmes affecteraient également le rythme des livraisons d'avions en 2026. L'action prenait 2,34% à 194,96 euros peu après l'ouverture de la Bourse de Paris, après un recul d'environ 7% sur lundi et mardi.
L'abaissement de cet objectif (-3,7% sur l'année) intervient dans une période de turbulences pour l'avionneur européen, qui a rappelé la semaine dernière 6.000 A320 pour remplacer de toute urgence un logiciel de commande vulnérable aux radiations solaires.
Cette mesure a été prise à la suite d'un incident fin octobre aux Etats-Unis: un vol de la compagnie américaine JetBlue reliant Cancun au Mexique à Newark près de New York avait dû se poser en urgence à Tampa, en Floride, après avoir brutalement piqué vers le bas.
Airbus a pu rapidement intervenir sur des milliers d'aéronefs vendredi et samedi, atténuant les craintes de perturbations de grande ampleur sur le trafic mondial. Lundi, la société a indiqué que moins de cent A320 restaient immobilisés et qu'elle travaillait avec les compagnies aériennes "pour s'assurer qu'ils peuvent être remis en service".
- Problèmes d'approvisionnement -
Mais le même jour, Airbus a connu un autre revers en devant reconnaître ces "problèmes de qualité" sur des panneaux de fuselage, un incident "circonscrit" selon l'entreprise.
Elle a indiqué le lendemain que jusqu'à 628 appareils de la gamme A320 pourraient être inspectés pour détecter d'éventuels défauts de fabrication, en soulignant que cela ne signifiait pas que "tous les avions sont forcément concernés".
L'A320, dans ses nombreuses variantes, dont la version à grande capacité A321, est l'appareil commercial civil le plus vendu au monde, ayant récemment surclassé son rival, le Boeing 737. Entré en exploitation en 1988, il avait été livré fin septembre à 12.257 exemplaires.
Le bilan des livraisons des avionneurs est toujours scruté de près, car il préfigure les résultats financiers, les compagnies aériennes acquittant la majorité du prix d'achat lorsqu'elles reçoivent leurs appareils.
Au rythme des livraisons mensuelles jusqu'ici annoncées par Airbus, l'objectif de 820 semblait de plus en plus ambitieux, même si l'entreprise produit habituellement bien plus d'aéronefs en fin d'année.
Lundi, les analystes de RBC Capital Markets avaient déjà jugé ce chiffre "à risque".
A la fin octobre, Airbus, toujours confronté aux difficultés de sa chaîne d'approvisionnement, avait livré 585 nouveaux appareils à ses clients depuis janvier, dont une grande majorité d'A320 et A321.
Vu le nouvel objectif, le groupe, qui annoncera vendredi ses chiffres de commandes et livraisons pour le mois dernier, va devoir sortir 205 appareils cumulés de ses usines en novembre et décembre.
S'il y parvient, il dépassera son niveau de production de 2024, quand il avait livré 766 avions à ses clients, là aussi après avoir dû réviser en baisse ses objectifs en cours d'exercice. En 2019, avant que la pandémie ne désorganise la chaîne de production de l'aéronautique, il en avait remis 863.
Trente-deux avions terminés étaient fin octobre dans l'attente de moteurs en raison des difficultés des sous-traitants Pratt&Whitney et CFM (Safran-General Electric). Ce problème s'est en partie résorbé, puisqu'au début de l'été, 60 avions étaient dans cette situation.
Sur les neuf premiers mois de l'année, le géant européen de l'aviation affichait une santé financière enviable, avec une nouvelle progression de son bénéfice net au troisième trimestre, contrairement à son concurrent américain historique Boeing, dans le rouge.
J.Hoffmann--NRZ