

Le bateau pour Gaza arraisonné par Israël arrivé au port d'Ashdod
Le voilier Madleen, arraisonné par Israël lundi matin alors qu'il tentait de rallier la bande de Gaza avec de l'aide humanitaire et 12 militants pro-palestiniens à son bord, dont la Suédoise Greta Thunberg, est arrivé dans la soirée au port israélien d'Ashdod.
Escorté par deux navires de la marine israélienne, le bateau est entré dans ce port méditerranéen du sud d'Israël à la nuit tombée, vers 20h45 (17h45 GMT), a constaté un photographe de l'AFP.
Le voilier avec à son bord 12 militants français, allemand, brésilien, turc, suédois, espagnol et néerlandais, était parti d'Italie le 1er juin pour "briser le blocus israélien" de Gaza, en proie à une situation humanitaire désastreuse après plus de 20 mois d'une guerre déclenchée par l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur Israël.
"Si vous voyez cette vidéo, nous avons été interceptés et kidnappés dans les eaux internationales", a déclaré Greta Thunberg dans une vidéo préenregistrée partagée par la Coalition de la flottille pour la liberté, qui a affrété le bateau.
Des images diffusées par cette dernière montrent les militants à bord portant des gilets de sauvetage oranges, les mains en l'air au moment de l'interception, certains remettant leur téléphone portable conformément aux instructions. Peu de temps avant, certains ont jeté leur téléphone ou tablette par-dessus bord.
- Six Français -
La Coalition de la flottille pour la liberté, lancée en 2010, est un mouvement international non violent de soutien aux Palestiniens, combinant aide humanitaire et protestation politique contre le blocus de Gaza.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a indiqué qu'une fois le voilier arrivé à Ashdod, les passagers seraient débarqués pour être renvoyés chez eux.
La Coalition a indiqué que six d'entre eux étaient français, dont deux journalistes, Omar Faiad pour la chaîne qatarie Al Jazeera et Yanis Mhamdi pour le média en ligne Blast, selon un communiqué de l'ONG Reporters sans frontières, qui "condamne fermement [leur] interpellation [...] par l'armée israélienne"
Condamnant également "l'assaut israélien du bateau", Al Jazeera a exigé la libération de son reporter.
L'ONG israélienne de défense des droits de la minorité arabe Adalah, qui affirme avoir été mandatée par les 12 passagers du bateau pour les défendre, a indiqué qu'ils devaient être transférés dans un centre de rétention avant leur expulsion d'Israël.
Outre Greta Thunberg, l'eurodéputée franco-palestinienne de gauche Rima Hassan figure aussi dans le groupe.
La France a "passé tous les messages" à Israël pour que "la protection" de ses six ressortissants "soit assurée" et qu'ils "puissent retrouver le sol français", a déclaré lundi le président Emmanuel Macron, dénonçant comme un "scandale" le blocus humanitaire à Gaza.
Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées lundi soir à travers la France à l'appel de la gauche en soutien à ces militants.
La Turquie a dénoncé une "attaque odieuse" et une "violation flagrante du droit international".
En 2010, une flottille internationale transportant près de 700 passagers, partie de Turquie pour tenter de forcer le blocus de Gaza, avait été stoppée par une opération militaire israélienne qui avait fait dix morts parmi les militants.
De son côté, Amnesty International a estimé que "l'interception du Madleen par Israël et la détention de l'équipage bafou(ai)ent le droit international".
Après avoir atteint la côte égyptienne, le Madleen s'était approché de Gaza en dépit des mises en garde d'Israël contre toute tentative de "briser le blocus maritime de Gaza, dont l'objectif principal est d'empêcher le transfert d'armes au Hamas".
- "Provocation médiatique" -
Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a accusé lundi "Greta Thunberg et les autres (d'avoir) essayé de mettre en scène une provocation médiatique dans le seul but de se faire de la publicité".
Israël fait face à une forte pression internationale pour mettre fin à la guerre. Les bombardements quotidiens de son armée ont dévasté la bande de Gaza, où la population est menacée de famine du fait du siège et des fortes limitations sur l'aide humanitaire, selon l'ONU.
L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.
Sur les 251 personnes alors enlevées, 54 restent retenues à Gaza, dont au moins 32 mortes, selon les autorités israéliennes.
Plus de 54.880 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans l'offensive israélienne de représailles à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
T.Zimmer--NRZ