

Le gouvernement polonais pro-européen se soumet à un vote de confiance après un revers à la présidentielle
Le gouvernement polonais pro-européen de Donald Tusk se soumet mercredi à un vote de confiance au Parlement, après avoir subi un revers majeur lors de la présidentielle au début du mois.
Le vote a été convoqué par M. Tusk après que l'historien nationaliste Karol Nawrocki a remporté l'élection présidentielle du 1er juin, des analystes qualifiant ce vote d'un affaiblissement important pour la coalition au pouvoir.
Les experts affirment que M. Nawrocki, un partisan du président américain Donald Trump, tentera de faire tomber le gouvernement pro-européen et de renforcer le principal parti d'opposition Droit et Justice (PiS) qui l'a soutenu.
M. Nawrocki a remporté l'élection avec 51% des voix contre le maire pro-européen de Varsovie Rafal Trzaskowski (49%), soutenu par M. Tusk.
Cet ancien président du Conseil européen est arrivé au pouvoir en 2023 en tant que chef d'une coalition entre sa formation centriste la Plateforme civique (KO), Pologne 2050 (centre), le Parti paysan polonais (PSL, conservateur) et la Nouvelle Gauche.
Les prochaines élections législatives doivent se tenir en Pologne en 2027, mais certains analystes estiment qu'avec le président Nawrocki, le gouvernement pourrait ne pas tenir jusqu'à cette date.
Avant le vote qu'il devrait remporter facilement puisque sa coalition contrôle 242 sièges sur les 460 à la chambre basse du Parlement et qu'elle a besoin d'une majorité simple, M. Tusk doit prononcer un discours devant les députés et présenter des projets de nouvelles réformes.
Selon M. Tusk, le vote de confiance devrait être un "nouveau départ" pour le gouvernement, qu'il a promis de rendre "meilleur, plus rapide".
Si la coalition semble stable, des tensions existent en son sein notamment avec le parti paysan qui plaide pour des valeurs socialement conservatrices et souhaite davantage de restrictions sur l'immigration.
- "Déjà décidé" -
La Pologne, membre de l'UE et de l'OTAN comptant 38 millions d'habitants, est une économie en pleine croissance et est devenue un acteur régional de plus en plus important depuis l'invasion russe de l'Ukraine en 2022.
Les présidents polonais ont une certaine influence sur la politique étrangère et de défense, mais leur pouvoir clé réside dans la capacité de mettre leur veto aux lois adoptées par le Parlement.
Cela risque probablement de freiner les réformes du gouvernement Tusk, tels que l'introduction prévue des partenariats de même sexe ou l'assouplissement d'une interdiction quasi totale de l'avortement.
Sur le plan international, la cohabitation difficile pourrait également compliquer les relations avec Bruxelles, notamment sur les questions d'état de droit, car M. Nawrocki soutiendra les réformes judiciaires controversées mises en place par le précédent gouvernement PiS.
Les liens avec Kiev pourraient devenir également plus complexes, car le président élu s'oppose à l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN et a critiqué les bénéfices dont les réfugiés ukrainiens jouissent en Pologne.
M. Nawrocki devrait officiellement prendre ses fonctions le 6 août une fois que la Cour Suprême aura validé le résultat de l'élection.
Bien que la commission électorale ait trouvé des preuves d'erreurs dans le décompte des voix dans certaines commissions électorales, le président du Parlement, Szymon Holownia, a déclaré qu'il ne s'attendait pas à ce que celles-ci modifient le résultat final du vote.
Le président sortant Andrzej Duda, également un allié du PiS, a averti lundi contre toute tentative de renverser le résultat de l'élection et de "nous retirer notre liberté de choix". Il a déclaré sur X que le vote était "déjà décidé".
S.Schulze--NRZ