

Allemagne: à Ravensbrück, des survivants appellent à combattre le racisme et l'antisémitisme
Des survivants de l'Holocauste ont appelé dimanche le monde à ne pas oublier les atrocités nazies et exhorté les jeunes à "combattre le racisme et l'antisémitisme", lors d'une cérémonie pour les 80 ans de la libération du camp de concentration nazi de Ravensbrück.
Neuf hommes et femmes ayant survécu à l'enfer de ce camp situé au nord de Berlin et aujourd'hui âgés de 80 à 90 ans, des parents d'anciens prisonniers et des hauts fonctionnaires figuraient parmi les quelque 1.200 personnes présentes à l'événement.
Pour Lili Keller Rosenberg, une Française de confession juive déportée dans le camp à l'âge de 11 ans, sa survie est une "grande revanche sur les nazis".
"On ne s'imaginait pas pouvoir durer aussi longtemps. Pour moi, c'est quelque chose d'exceptionnel", a déclaré à l'AFP cette femme de 93 ans, qui a passé plus d'un an à Ravensbrück avant d'être transférée au camp de concentration de Bergen-Belsen.
Elle s'est dite déterminée à continuer à raconter son expérience aux jeunes pour éviter que le passé ne se répète : "il faut (qu'ils) combattent le racisme, qui est un fléau, combattent aussi l'antisémitisme qui revient".
Environ 130.000 personnes ont été envoyées de toute l'Europe à Ravensbrück, le plus grand camp nazi pour femmes et enfants. Un petit camp adjacent avait également été construit pour les détenus masculins.
Outre des Juifs, des opposants politiques, des Roms et des criminels condamnés y ont également été déportés. Entre 20.000 et 30.000 personnes y ont péri, nombre d'entre elles en raison du travail forcé mais aussi dans les chambres à gaz et lors d'une ultime marche de la mort.
Le camp, où il n'y avait plus qu'environ 3.000 prisonniers malades, a été libéré le 30 avril 1945 par l'Armée rouge soviétique.
L'Allemagne, pays traumatisé par les crimes nazis, s'inquiète de plus en plus de l'avenir de la mémoire de l'Holocauste, dans un contexte de montée en puissance du parti d'extrême droite AfD. Ce parti, arrivé deuxième aux législatives de février, a été classé cette semaine comme extrémiste par les renseignements intérieurs allemands.
Certains membres de l'AfD se sont opposés à la tradition de commémoration de l'Holocauste du pays, qui a organisé cette année plusieurs cérémonies pour marquer le 80e anniversaire de la libération des camps nazis.
"Les autocrates, les extrémistes et les populistes du monde entier, y compris dans nos propres pays, veulent attaquer et détruire cette Europe pacifique et unie", a prévenu lors d'une cérémonie samedi au camp de concentration de Neuengamme, à Hambourg (nord), le chancelier Olaf Scholz, qui va passer mardi les rênes du gouvernement au conservateur Friedrich Merz.
A.Menzel--NRZ